vendredi 3 juin 2011

Petit ramasseur de balles

Hallucinant ! J'adore regarder les matchs de tennis ! Non, non, pas les joueurs, pas les spectateurs, pas les juges ! Non, les gosses ramasseurs de balles assidus et soumis à la dure loi du court ! 

Toujours sur le qui-vive, ceux du filet, les mains au sol, un genou à terre comme prêts à un départ de 100 m ! Tel de jeunes sphinx usés et tendus, ils attendent, vibrent comme des feuilles frileuses. Et puis attention, pas du grand n'importe quoi, une discipline plus que militaire ! Déplacements millimétrés.

Fin de jeu ! Tel des balles ou des fusées ils traversent la piste comme sous un tir de sniper ! Tête basse sous les balles qui sifflent, on ramasse en courant, sans s'arrêter, chacun son côté de filet manière d'éviter "la" collision irrémédiable ! Pas tant pour l'accident que pour le contre temps que cela génèrerait ! Putain de gosses !

Fabuleux le moment d'un nouveau jeu, toutes ces statues d'un même geste se mettent ostensiblement en position d'attention soutenue ! Comme tirés par une ficelle invisible et magique !

 Dès qu'une balle est au sol, pression hystérique parmi les enfants. Geste de tension inouïe. Ne jamais marcher, toujours courir ! Trépigner, tressauter ! Faire montre d’attention maximum et continue.

Après chaque balle le préposé au joueur, la serviette tendue entre ses mains, il bondit, excité, tremblant, humble et soumis. Pour le joueur il n'existe même pas, il est invisible, totalement à sa partie, totalement insensible à son cinéma de petit Mickey disponible à tout. Il se saisit de la serviette, le gosse place son poing gauche dans le dos, le joueur lui rend la serviette et le gosse s'en empare, bondit, trépigne virevolte et s'en retourne dans son coin. Les juges se sont détendus, nouveau service, comme un seul homme et dans un ensemble parfait, le petit peuple servile se tend à nouveau.

Magnifique la relève à la pause, le premier gosse part pour un tour de piste. Lorsqu'il passe devant le second, celui-ci se laisse distancer de 3 ou 4 mètres puis démarre à son tour et puis le suivant et puis le suivant dans un ensemble parfait. A la fin du tour ils sont 4 ou 5 à courir dans un ensemble magnifique et dominé. On dirait des marathoniens à leur arrivée dans le stade dans un film passé à l'envers. Je suis certain que celui qui a imposé cette chorégraphie est très fier de son idée et la trouve magistrale !...

Ô mon dieu ! Ô mon dieu, j'y étais, j'ai touché "sa" serviette mouillée et "sa" transpiration ! Je l'ai vu comme je te vois, dit-il suffisant, 50 ans plus tard, son torse de vieillard bombé à l'extrême à ce copain qui lui, pauvre hère, n'y était pas.

1 commentaire:

  1. C'est drôle, mais je pense exactement à la même chose lorsque je regarde un match de Tennis.
    Le pire dans tout ça et que tu expliques très bien, c'est le moment de l'échange de serviette ... ça me met hors de moi.

    Monde de merde

    Hervé

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