lundi 19 juillet 2010

Canicule...

8h00
23°
68% d'humidité

J'ouvre un oeil, même les deux, je connais le danger qui nous guette ! 24°7 à la tête de mon lit, j'ai les neurones en ébullition. J'ai beau faire des efforts, me concentrer, je n'arrive pas à me rendormir. La lumière du soleil aux aguets m'inonde et m'éblouit. Je me lève, récupère la station météo qui trône sur mon bureau, celle qui m'annonce et l'humidité et la température extérieure... Mes deux stations côte à côte sur ma table de nuit je surveille leurs écarts, leurs soubresauts... Les cadrans cliquettent comme des afficheurs de gares ou d'aéroports. Les chiffres défilent ! 23.1, 23.2, 23.5 ! Il faut réagir, je ne puis ainsi me laisser submerger par ces tempétueuses températures. Je décide de me lever à nouveau, 23.7°, 68% d'humidité, aux grands maux les grands remèdes. Je me lève à nouveau, descends au rez de chaussez et charge le congélateur de mon frigo de blocs réfrigérants. J'ouvre la porte extérieure et tire le battant du volet que je ferme soigneusement. L'obscurité envahit la pièce comme s'il faisait plus frais. Je referme la porte avec application. Les joints étanches se sucent la moelle. J'ouvre en grand la porte de la salle de musique, pièce la plus froide de la maison. Bienfait de l'air qui glace... Je remonte dans ma chambre, l'air y est plus touffue. Coup d'oeil au stations : 23.9°. Quand la température croisera celle de la chambre je fermerai les écoutilles à l'étage. Pour l'instant la température intérieure n'évolue pas. Toujours un imperturbable 24.7 !

24.8° ! Alerte à Malibou ! Écopez ! Souquez ! Je me boulevard (à ce stade ça n'est plus une rue) sur la fenêtre de ma chambre. Tire les volets que j'assure d'un crochet ferme, referme la fenêtre, je joint s'écrase dans un chuintement huilé lorsque je tourne la poignée. Il ne reste plus qu'à attendre les températures fatidiques... J'attends...

Comme la mer monte, la température grimpe aux rideaux et les crabes courent sur mes draps sable. 31.5 ! Les arroseurs de maïs crépitent et sifflent sous la pression de l'eau qui s'écoule... De la vapeur d'eau s'élève de la terre brûlante. Elle tremble de chaud ! 26° dans mes murs, il est 15h et je sais que rien ne la retiendra dans son immuable ascension. 33.7° ! Plein pot sur la canicule ! 28° dans mon bureau. Je descend au RC chercher 2 blocs à glace que je place devant mon ventilateur... Un peu de fraîcheur. Des bois de ma fenêtre montent des fumerolles. Nougaro me chante une locomotive d'or, l'eau boue dans mon évier, le plancher se gondole et je transpire. J'ai la peau qui cloque et mon cloaque se boursoufle. Gronde l'orage à nouveau comme un bateau remonte son encre. Joli son que ce son là. Grave, lourd, sourd, profond. De temps à autres comme un pet de none qui fuse, c'est la pression interne qui s'équilibre par l'interstice des fenêtres disjointes.

45° dehors, 37 dedans. Je sens la fin venir. Il est 20h et le temps s'arrête. Un jazz larmoyant sort de mes enceintes comme un disque qui détourne. J'ai laissé la porte du frigo ouverte. Il fume ses vapeurs glacées qui retombe en fines gouttes d'eau et lui font un flaque. J'ai la cervelle en ébullition. Ma station clignote au rouge sang de boeuf qui se meurt à gros bouillons. Ma maison siffle comme une cocotte qui boue. Je crois que je vais abandonner et ouvrir mes portes pour en finir. Je tire ventail de l'intérieur. Le volet est brûlant. Il se consume doucement en quelques craquement sinistres. Tour de clef, je me brûle la main au 3e degré. Je repousse le volet... Comme un souffle de feu, il me pulvérise ! Petrucciani s'excite sur son piano et le public applaudit. CRUMB c'est pas mal finalement mais c'est vraiment démoralisant d'être tordu à ce point et aussi mal dans sa vie et dans sa peau.

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