dimanche 18 juillet 2010

Les vides Greniers

Ils arrivent éparpillés et se placent ou le placeur les place, sur les marquages des cantonniers. Leurs véhicules garés derrière leur espace alloué ils déballent qui des malles, qui des cageots, qui du vrac, qui des valises pleines d'objets hétéroclites. Ils déballent leurs étales. Ils en foutent partout, pas un centimètre n'est perdu. Pour certains un simple drap ou vieux tapis, pour d'autres deux tréteaux et une planche, pour d'autres encore des établis pliants ou de vieilles planches à tapisser, des tables de camping de toutes couleurs qu'il recouvrent de vieilles nappes blanches brodées sur lesquels ils déposent leurs objets de fonds de greniers...

Chacun s'affaire, chacun s'occupe. Les premiers à l'achat sont les rapaces, des billets plein les poches, les professionnels s'abattent sur leurs proies désemparées alors qu'elle n'ont pas encore commencé à déballer et ne sont pas sur leur garde. Leur oeil aguerri perçoit à 10 lieu à la ronde l'objet qui se vendra bien. Ils extirpent les merveilles des cartons et en font deux tas. Celui qui les intéresse et le reste qui ne se vendra pas. Il en offrent des valeurs largement sous estimées et font miroiter au vendeur qu'en une minute il peut s'il le désire faire sa journée et profiter de son temps comme les autres.

Tous ne se font pas avoir et les plus malins prennent en référence le quart du prix que leur proposent les pros pour estimer leur trésor. Ce dépeçage n'est l'affaire que de quelques minutes et il passent ainsi de vendeur improvisé en vendeurs d'un jour. Il les reconnaissent au premier coup d'oeil. Puis chacun continue son déballage et son rangement. Chacun est content, le plumeur comme le plumé qui pense avoir fait vite fait une bonne affaire et il ira tout à l'heure acheter chez un autre professionnel un objet acheté au tiers ou au quart de sa valeur à son voisin. Oui, il aura fait une bonne affaire...

Puis les promeneurs vont arriver, chalands nonchalant, il n'est souvent pas question d'acheter, la crise est la, les temps sont durs. On regarde, contemple, soupèse des yeux ou de la main, il y a ce qui touchent à tout, ceux qui demandent "combien ?" sur une énorme pendule et repartent avec une babiole. Rare sont ceux pour égailler le regard morne des vendeur, un sourire ça fait du bien.

Un gros monsieur joue de l'accordéon diatonique, une jeune femme accorte l'accompagne au tambourin. Deux gamins en short courent en criant entre les badauds passants. Le bar de la pointe fait son plein de monde aujourd'hui. Aujourd'hui, jour de fête, Salade aux concombres, viande et pomme de terre vapeur et fromage... Le vin sera au pichet, comme d'habitude. Au comptoir les clients sirotent leur bière, qui le Pastis. Un fumeur s'empoisonne sur le pas de la porte tout en discutant avec ceux de l'intérieur. Le courant d'air rabat joyeusement la fumée dans la salle du bar. Un cendrier traîne sur le comptoir. Albert plastronne derrière son zinc. L'heure du midi approche et les tables se remplissent dans un grand bruissement de chaises raclées.

Derrière les étales apparaissent les premiers casse croûte. Quelques uns osent la bouteille de vin. Beaucoup de Coca-Cola dans les stand des pros qui ont perdu le sens du goût au détriment de celui du des affaires... Le public se fait plus rare. Les cloches de l'église sonnent gaillardement midi à midi 4. 4 ans que je suis ici et 4 ans qu'elle retarde de 4 minutes ! Dieu annonce ses messes en retard. Il fait 30° et la journée s'annonce sympathique.

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